Dans notre histoire de joueur, nous avons tous notre petite liste de jeux sur lesquels nous revenons régulièrement. Je peux tenter d’en citer quelques uns, comme Counter-Strike, WoW, Age of Empires, Destiny, Fortnite, League Of Legends, Starcraft, Overwatch…

Un des jeux qui fait partie de ma liste, c’est Minecraft.

I will survive

Ma rencontre avec ce jeu remonte à quelques semaines après le début de sa commercialisation. Je croise des informations à droite à gauche, et je découvre un jeu qui a été ma première expérience dans le monde des jeux indépendants. Certains voyaient cela comme un truc où il n’y avait rien à faire, d’autres y voyaient un Lego virtuel géant. Moi ce qui m’a intrigué, c’était la survie et le craft, des éléments de gameplay qui étaient à cette époque complètement nouveaux pour moi.

J’essaie de survivre dans cet univers virtuel conçu autour de règles très particulières. Les schémas d’objets à construire, les points stratégiques, les êtres vivants… J’apprends à maîtriser les rouages de ce monde avec les yeux plein d’étoiles. J’arpente les biomes générés de manière procédurale, j’optimise le minage des ressources, sans parler des débuts de la Redstone. Cela faisait des années qu’un jeu ne m’avait pas paru aussi original dans son approche, au point de m’obséder même lorsque je n’y jouais pas.

Le multijoueur

Quelques mois plus tard, je découvre les possibilités de coopération en mode multijoueur. Créer des structures gigantesques, se fabriquer un système d’économie… C’était fou ! De là est venu aussi une petite expérience d’admin serveur, avec la gestion d’un serveur d’une quarantaine de personnes. Je lui dois une bonne partie de mes compétences d’admin système Linux.

J’ai redécouvert plusieurs fois le jeu avec d’autres personnes les années suivantes, toujours en gardant le plaisir de m’immerger de nouveau dans un monde Minecraft. Chaque aventure a été source d’anecdotes, de situations drôles. Le jeu a fini par devenir un prétexte, un support pour nous retrouver ensemble pour quelques heures. Il nous arrivait même de nous y rendre sans vraiment avoir l’envie de jouer. Notre monde Minecraft n’était parfois qu’une simple plateforme sociale. Mais avec le temps, une successions d’événements dans ma vie ont fini par changer ma manière de percevoir le jeu.

Amertume

C’est assez étrange comme sensation. Cette transition où chaque “reviens y” se termine par une déception car la lassitude et la nostalgie finissent par reprendre le dessus. On espère ressentir ce frisson de début de partie, mais il manque quelque chose. Cela semble d’ailleurs être une sensation qui est partagée par beaucoup de joueurs, vu les vidéos Youtube qui sortent à ce sujet.

Encore récemment, avec la sortie de la version 1.21, je me suis dit que c’était l’occasion de relancer une partie solo, afin de voir les nouveautés ajoutées dans cette version (et il y en a, notamment la chambre des épreuves, vraiment cool à faire). Il y a bien eu ce plaisir de regarder autour de moi au démarrage de ma partie et de découvrir le monde qui m’entourait. J’ai apprécié reprendre mes marques, mes habitudes. Mais très vite, une amertume plane. Au premier arbre à couper, de bons souvenirs reviennent, mais le plaisir de jeu n’est plus dans l’instant présent, et l’ennui s’installe.

C’est d’ailleurs paradoxal, mais les nouveautés qui sont sorties ces dernières années ne procurent pas l’effet espéré chez moi. Je me sens comme étranger au jeu. Je m’en suis surtout rendu compte lorsque j’ai entendu les musiques qui ont été ajoutées récemment. Elles ne sont pourtant pas mauvaises, elles collent bien à l’esprit du jeu. Mais cela provoque une sortie de dissonance cognitive entre ma vision du jeu et la réalité.

Au revoir

Ces raisons m’ont fait comprendre qu’il était temps de dire au revoir à Minecraft. Cela peut paraître stupide d’avoir besoin de dire au revoir à un jeu, encore plus via la rédaction d’un article. La plupart du temps, on passe à autre chose sans trop se poser de questions.

Mais avec Minecraft, cela va au delà pour moi. Minecraft est désormais associé à une période de ma vie. À mes yeux, Minecraft n’est plus un jeu, mais un musée à souvenirs. Et je crois que je veux garder ces souvenirs intactes. Je ne veux pas associer le jeu à une amertume que je sens grandissante à chaque nouvelle session.

Merci

Il est donc temps de remercier Notch de nous avoir permis de vivre cette expérience complètement dingue qu’est Minecraft, pendant près de 15 ans. Merci de m’avoir rempli de ces souvenirs qui dépassent de loin ceux que me procurent un jeu “classique”. Il m’arrivera sûrement de réécouter les premiers titres de C418. Et cela me suffira pour ressentir toute la nostalgie autour de l’un des jeux les plus importants de ma vie de joueur.

Au revoir Minecraft.